La chaleur n'a pas découragé la
douzaine de participants à cette nouvelle sortie proposée par le
Président Patrick MAGDINIER aux confins des départements de
Vaucluse et des Alpes de Haute Provence.
Le site du Pont Julien accueillait le
GAM en ce début de matinée avec les explications de Jean-Louis
PAILLET. Ce magnifique pont , l'un des mieux conservés de
l'époque romaine, permettait à la voie domitienne de passer le
Calavon en direction de Cavaillon.
Cette petite rivière, d’apparence
modeste, peut devenir en cas d'orage un torrent tumultueux et
dévastateur ; d'où les proportions impressionnantes de
l'ouvrage : 80 mètres de long, 11,50 mètres de haut, trois
arches dont la centrale présente une ouverture de plus de 16
mètres ; le tout construit en grand appareil, du moins pour les
parties maîtresses et consolidé au départ par des crampons
métalliques scellés au plomb ; aujourd'hui ces pièces ont
disparu et il ne reste que les perforations opérées par les
récupérateurs de métaux au mépris du danger que celà
représentait. Les 2 piles implantées dans le lit de la rivière
directement sur le substrat rocheux, comportaient des avant-becs
arrondis, aujourd'hui arrachés par les crues successives.
Les voûtes des 3 arches sont
constituées de voussoirs à joints alternés et des ouïes de
décharge ont été aménagées dans les écoinçons.
L'ouvrage actuel a succédé à un
premier pont dont l'assise des piles est visible sous les piles
actuelles ; ce premier pont était vraisemblablement mixte
(piles en pierre, tablier en bois).
L'après-midi, direction le musée
d'Apt en pleine réorganisation sous la conduite d'une
guide-conférencière de la Mairie.
Le premier bâtiment, sur deux étages,
présente une belle collection d'objets de toutes les époques et
particulièrement des céramiques, mosaïques et statues de très
belle facture.
Visite ensuite des caves des réserves
du musée pour observer les restes des gradins de la cavéa du
théâtre antique d'Apt à près de 5 mètres de profondeur sous le
sol actuel ; très émouvant.
Quittant Apt, le groupe s'est ensuite
rendu sur le site de la villa de Tourville, commune de Saignon ;
ce vaste établissement foncier était spécialisé dans la
production de vin, (chais à dolia, fouloirs) et d'huile d'olives.
Les fouilles des années 1999 à 2001 ont mis à jour la quasi
totalité des bâtiments, pars rustica et pars urbana, avec thermes,
latrines et aqueduc.
Quittant Tourville, le groupe s’est
retrouvé (c'était la surprise du Président) après un bond de 33
millions d'années, ''sur la piste d'animaux disparus ''à la dalle
de Saignon. Cette ancienne carrière a mis en évidence des traces
fossiles du passage d'animaux sur ce qui était le bord d'un ancien
lac ; la sédimentation a recouvert ces empreintes et les a
préservées jusqu'à nos jours.
Pour clôturer cette belle journée
découverte, Jean-Louis nous a emmenés jusqu'à Céreste (04) au
franchissement du ruisseau d'Ayguebelle par la voie domitienne ;
là se trouvait un pont à deux arches dont l'architecture est très
particulière ; en effet, l'intégralité de sa construction
reposait sur une vaste plate forme artificielle formée de blocs de
grand appareil solidarisés entre-eux par des crampons métalliques ;
cette solution peu courante à l'époque romaine s'explique par le
fait que les ingénieurs romains n'ont pas pu atteindre un sol
suffisamment compact pour y asseoir les bases de l'ouvrage ;
malheureusement, des colluvions récentes sont venues recouvrir le
monument et il est désormais invisible jusqu'à la prochaine crue de
l'Ayguebelle qui peut-être le remettra à jour.
Alain LAFOREST