En préambule, il est nécessaire de définir ce que sont et quelle est la destination de ces mégalithes. Si cela semble évident concernant les dolmens, répertoriés comme sépultures collectives utilisées dès le troisième millénaire avant notre ère, jusqu’à l’âge du bronze et même parfois au-delàs, comme en atteste les dépôts funéraires retrouvés sur place (ossements, objets votifs, matériel lithique…), il en va autrement des menhirs. Souvent aménagés, de section orthogonale, polis, ils ont été interprétés comme jalons, repères astronomiques ou cosmiques, ou truchements mystiques en relation avec les dieux et les ancêtres. La documentation, tant littéraire que matérielle étant particulièrement pauvre, il est nécessaire de faire preuve d’une grande prudence dans la présentation de ces sujets.
Notre voyage commence au pied des Cévennes, entre Anduze et Ganges. Puis nous nous élevons jusqu’au causse de Blandas et les pourtours du cirque de Navacelles où se trouve une importante implantation mégalithique. En progressant vers le nord sur le causse du Larzac, nous rencontrons Coste Cauda. Son dolmen à couloir présente le plus grand intérêt, mais ce qui intrigue, c’est un menhir anthropomorphe semblant accueillir le visiteur à l’entrée du sanctuaire. Ce bloc de pierre de 2 mètre de haut dont la forme évoque celle d’un corps humain, présente des traces évidentes de sculpture en ronde bosse. Une opulente chevelure recouvre la nuque, le front est barré d’un bourrelet sus-orbitaire, les traits du visage sont ébauchés mais parfaitement discernables, le menton bien dessiné, les bras ainsi qu’une cape sont évoqués par les mouvements de la pierre. Il s’agit là d’une œuvre figurative n’ayant aucun rapport avec les traits symboliques en bas-relief des statues-menhir retrouvées nombreuses dans la région. Toutefois, ce personnage conserve son mystère car on n’en trouve aucune mention dans la littérature.
Une fois franchi le Tarn, nous parcourons le causse de Sauveterre où les monuments mégalithiques sont nombreux et souvent proches les uns des autres. Notre progression nous conduit au bord du Lot, frontière nord du voyage. Revenant vers l’est, nos pas nous conduisent à la Cham des Bondons, un causse entre Tarn et Lot, au pied du mont Lozère où ont été identifiés pas moins de 160 menhirs, plus grande concentration du sud de la France. Le paysage et la topographie du terrain peuvent paraitre une révélation quant à l’érection à cet endroit d’un aussi grand nombre de mégalithes. On imagine sans peine l’aspect symbolique de ces géants de pierre précisément en un tel lieu. Ici s’achève la visite d’environ 24 monuments ou sites en 104 photos.

                                                                                                                                                                                                                                                 Patrick MAGDINIER