GROUPE ARCHEOLOGIQUE DE MOURIES

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Gaétan CONGÉS
Vendredi 4 février 2022
''Les bergeries romaines de la Crau''
Mrs Gaétan CONGÈS et Otello BADAN
Archéologues


Au pays où le pastoralisme est encore bien ancré, le thème retenu pour cette première conférence de l'année par le Groupe Archéologique de Mouriès a suscité l’engouement d'un nombreux public ; plus de quatre vingt personnes ont investi le Centre Culturel de Mouriès pour écouter les intervenants Gaétan CONGÈS et Otello BADAN qu'on ne présente plus. Le GAM a été honoré par la présence de Mme Alice ROGGIERO, Maire de Mouriès, accompagnée de son époux et de Mme Jacqueline ROUX, adjointe aux associations. D'autre part, il faut noter la forte participation de membres de plusieurs associations culturelles d'Arles, St Rémy, Châteaurenard, Paradou etc.
De tout temps, la Crau, vaste territoire âpre et hostile, a été considérée comme un simple lieu de pâture des troupeaux, dénué de toute occupation humaine sédentaire. Mais au début des années 1990, Otello BADAN a systématiquement prospecté ce qui reste des Coussouls. Il a ainsi mis en évidence plus d'une centaine de vestiges de constructions qu'il a rapidement interprétés comme étant d'anciennes bergeries romaines.
L'architecture de ces bâtiments est quasi invariable, toujours orientés sensiblement Nord/Sud, ils comportent pour la plupart un corps tout en longueur (jusqu'à 50 m) terminé côté Nord par une ''étrave'' pointue afin de résister aux assauts du Mistral. Les murs sont construits en galets liés à la terre surmontés d'une élévation en terre (tapie). La toiture à double pente est recouverte de roseaux (sagne) liés sur les membrures de la charpente.
Ces bergeries, datées de la fin du 1er s. avant J.C. jusqu'au 4ème s. après J.C. se trouvent aujourd'hui groupées à plusieurs autour d'un puits, creusé dans le poudingue de la Crau.
Les fouilles sous la direction de G. CONGÈS, ont porté sur les groupes dits ''Négreiron-Négrès'' et ''Petit Abondoux'', situés à une dizaine de kms au Sud de St Martin de Crau le long de la voie rapide Arles/Fos.
Elles ont mis en évidence, outre la partie pastorale, la présence de bâtiments annexes et notamment de fours à pains.
La prestation des deux intervenants s'est achevée par un coup d’œil sur les fouilles d'un bâtiment antique situé à ''la Brune'' et interprété comme étant une auberge (Mutatio) le long d'une voie antique Arles/Fos.

                                                                                                                                                                                                                        Alain LAFOREST


Quelques précisions de l'intervenant.

Dans le territoire de l'antique cité d'Arles, la plaine de la Crau est l'ancien cône de déjection de la Durance avant qu'elle ne rejoigne le Rhône vers 18 000 ans avant J.-C. ; elle s'est formée par l'accumulation de galets de quartz ou de grès sur une couche de galets calcaires liés par un ciment naturel très dur (poudingue). Cette zone impropre à la culture était dévolue à l'élevage ovin à grande échelle.
La plaine était réputée dans l'Antiquité pour ses grands troupeaux de moutons ; Pline l'Ancien la décrit ainsi : « les plaines de pierres sont remplies de thym ; c'est presque leur seul revenu, des milliers de moutons y venant de régions lointaines paître ce thym ».
Dans ce vaste espace désertique (55 000 hectares) ont été bâties un très grand nombre de bergeries destinées à abriter les moutons qui produisaient la laine alimentant les ateliers de tissage arlésiens. Les prospections effectuées dans les zones épargnées par les aménagements modernes (plantations de vergers, bases militaires etc..) ont permis de repérer plusieurs centaines de structures liées à l'élevage ovin, dont deux centaines de bergeries.
Les premières bergeries sont datées peu après la fondation de la colonie d'Arles (49 avant J.-C.) et les constructions se sont poursuivies jusqu'au IVème siècle de notre ère, remplaçant les bergeries trop anciennes ou détruites par les incendies.
L'architecture et l'organisation de ces bâtiments sont les mêmes pour toutes les bergeries : les constructions, aux murs bas (70 cm environ) de galets liés à la terre surmontés de « tapie »(pisé), ont une forme allongée, d'une longueur de 40 à 60 m pour une largeur de 7 à 10 m. Leur extrémité orientée face au vent dominant (le mistral, nord-ouest) est aménagée en forme d'étrave de navire tandis que la façade sud présente une porte large de 2 m. Plusieurs bergeries sont généralement regroupées autour d'un puits, avec cabanes pour les bergers et fours à pains, isolés des bergeries pour éviter les incendies. Ces groupes de bergeries devaient sans doute abriter les troupeaux d'un même propriétaire. On a pu calculer que dans le groupe de Négrès-Négreiron 7 bergeries ayant fonctionné en même temps pouvaient abriter en tout 3500 à 5000 bêtes.
A l'époque de l'extension maximale de cet élevage antique, c'est à dire au IIème siècle et dans la première moitié du IIIème siècle, la Crau pouvait accueillir plus de 100 000 moutons. Une telle quantité exigeait obligatoirement une transhumance estivale, l'herbe de la Crau se desséchant à partir du mois de juin. On ignore la destination précise de cette estivage, mais il est probable qu'il concernait au moins une partie des Alpes du Sud, et peut-être aussi les Cévennes.

                                                                                                                        Gaétan CONGÈS


(Photos  Mireille LAFOREST )
Conférence G. GONGES
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Mrs Otello BADAN, Gaétan CONGÈS et Patrick MAGDINIER

(Photos du power-point de G. CONGÈS)
Bibliographie : Les bergeries romaines de la Crau  
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