Castrum de Montpaon (Fontvieille, Bouches-du-Rhône)

Marie-Laure Laharie, Véronique Rinalducci, Jean-Christophe Tréglia

Laboratoire d’Archéologie Médiévale et Moderne en Méditerranée (UMR 7298 CNRS Aix Marseille Université)

Contrairement au château des Baux et aux Tours de Castillon, ce castrum situé à l’extrémité occidentale des Alpilles et dépendant de la famille des Baux, n’est mentionné que de façon succincte dans des ouvrages d’Histoire régionale rédigés au début du siècle dernier. Seules quelques explorations y furent réalisées dans les années 1960, fouilles malheureusement dépourvues de documentation.

Des « hommes » de Montpaon on ne sait quasiment rien. Leur installation même sur ce rocher, durant le premier quart du XI^e s., fait toujours l’objet de discussions. Cette assertion repose sur une bulle de Benoit VIII, toujours citée sans être produite, qui mentionnerait, aux environs de 1024, « Hugues de Baux, seigneur des Baux, de Montpaon et de Meyrargues ». Comment interpréter par ailleurs le silence des fonds d’archives du XII^e s. durant les vingt années que durèrent les guerres baussenques ? Il faut attendre le retour au calme des premières années du siècle suivant pour trouver à nouveau mention du site. Dans les années 1220-1230, les mises en gages des principaux châteaux et terres que les Baux détiennent dans les environs immédiats (dont Montpaon) paraissent néanmoins révéler l’état de nécessité dans lequel le coût de ces ambitions défaites a laissé le patrimoine familial.

Les vestiges visibles se répartissent en deux quartiers distincts, haut et bas, chacun défendu par une enceinte. D'une façon générale, les élévations bâties conservées demeurent extrêmement rares.

A l'issue de sept campagnes de fouilles extensives, le site révèle aujourd'hui au public un exemple spectaculaire de village perché fortifié médiéval. Les premières campagnes de fouilles (2007-2008) s'attachèrent à l'exploration de la partie sommitale du castrum où une partie du logis seigneurial fut mise au jour. Cet espace résidentiel abrite les vestiges d'un large bâtiment rectangulaire en pierre de taille équipé d'une vaste citerne rupestre. Les recherches se concentrèrent dans les années qui suivirent (2009-2011) dans les secteurs d'habitat aménagés à l'intérieur de l'enceinte du quartier haut. Les fouilles permirent d'atteindre en plusieurs endroits les niveaux d'occupation médiévaux les plus anciens que les datations réalisées par ¹⁴C situent à la transition du XI^e et du XII^e siècles. Le mobilier mis au jour en 2009 dans la tranchée de fondation du rempart du quartier sommital suggère de dater son édification dans le courant du XII^e s. Cette muraille fut renforcée durant la seconde moitié du XIII^e s., en particulier par la création d’un accès en chicane.

Ces travaux offrirent également l'opportunité de dégager sur toute sa hauteur et sur plusieurs mètres de largeur, le rempart semi-rupestre bâtit durant la seconde moitié du XIII^e s. En 2012, conformément au programme scientifique établi, les recherches furent reportées en contrebas, dans le quartier villageois, au contact de la première enceinte. Cette dernière semble avoir rapidement perdu sa vocation défensive. Dès le début du XIV^e s. en effet, les anciennes lices furent loties et de vastes espaces d'habitats et d'entrepôts furent aménagés contre la muraille dont les fenêtres de tir avaient été préalablement obturées. Un incendie, probablement liée à une campagne militaire (v. photo), se produisit de toute évidence durant les dernières années du XIV^e s. et marque l'abandon définitif du lieu.

Le programme Montpaon est soutenu par le Ministère de la Culture et de la Communication (SRA PACA), le Conseil Général des Bouches-du-Rhône et la Commune de Fontvieille.

                                                                                                Compte rendu et photos de Mr Jean-Christophe TREGLIA

                                                                                                   
                                                                                            Incendie                                                                                                                                Maison fin du 13e siècle