GROUPE ARCHEOLOGIQUE DE MOURIES

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   Hommages à Yves MARCADAL
décédé le 17 mars 2022

MARCADAL Yves

Martigues, Jeudi 24 mars 2022

Yves Marcadal est né en Algérie en 1934.

        Depuis sa jeunesse, Yves Marcadal a été passionné par l’Archéologie. Avant même ses études supérieures, il avait visité bon nombre de

vestiges antiques de l’Algérie et, à la suite de sa formation universitaire, il est devenu Professeur d’Histoire et de Géographie à Oran où il a

vécu jusqu’à son rapatriement en France.

Parvenu en Aquitaine, dans la région de Neyrac, Yves, avec l’accord de la Direction régionale de l’Archéologie a été chargé de plusieurs sondages exploratoires et fouilles d’urgence. C’est au cours de l’une d’entre elles qu’il a découvert, sur un site supposé peu important, une grande statue couchée de Jupiter. La publication de cette fouille exceptionnelle, en partenariat avec N. de Chaise Martin et la participation de J. Doreau, Architecte à l’antenne bordelaise de l’IRAA-CNRS, lui permet d’accroître sa notoriété dans le milieu scientifique.

Candidat pressenti, mais par la suite non retenu, à un poste d’ingénieur de recherche à la Conservation Régionale de l'Archéologie de Bordeaux, Yves Marcadal migre à Salon-de-Provence. Toujours aussi passionné qu’avant, il rencontre le Conservateur Régional de l’Archéologie de PACA, Marc Gauthier, qui lui confie la responsabilité des fouilles de l’Oppidum Celto-Ligure des Caisses de Jean-Jean à Mouriès. Yves et son épouse, Nadine, se mettent courageusement à débroussailler le site qui était abandonné depuis la fin des premières explorations de Fernand Benoit de 1933 à1939. Peu après, ils adhèrent au GEHAM dirigé par Mr. J.-P. Saquet. En 1999, Yves et Nadine, assistés par quelques rares bénévoles réalisent un sondage profond dans un ancien secteur vierge fouillé partiellement par F. Benoit et découvre avec grande surprise une séquence stratigraphique continue du VI ème av. J.-C. au III ème après.

C’est pendant l’été 1999 qu’Yves et Nadine Marcadal viennent spontanément visiter la fouille conduite sur la porte charretière du rempart de Glanum par Henri Tréziny et J.-L. Paillet et proposent leur participation bénévole à cette fouille. De cette rencontre sont nées de vraies relations amicales fécondes entre les 4 participants. Depuis cette date, Yves et Jean-Louis, ne se sont pas quittés. Peu avant le décès de Mr. Saquet le GEHAM a disparu et Y. Marcadal a créé le GAM composé quasi exclusivement de retraités bénévoles et de quelques généreux étudiants en cours d’études ou déjà diplomés. Par la suite, Yves est devenu « Chercheur associé » à l’IRAA du CNRS à Aix-en-Provence.

Cette cordiale collaboration entre un archéologue chevronné et un architecte à vocation archéologique a permis à l’équipe du GAM de valoriser considérablement le site des Caisses de Jean-Jean par la publication d’un Guide archéologique détaillé, d’un livre contenant une étude documentée des fortifications et des systèmes défensifs de l’oppidum de Mouriès du VI ème au Ier siècle av. J.-C. et de nombreux articles publiés dans des revues scientifiques.

Yves Marcadal n’était pas seulement un scientifique, il était aussi un homme sensible, généreux fidèle en amitié qui transmettait volontiers son savoir. Il aimait les collines des Caisses et la couleur des bouquets de globulaires, de thym et de romarin. Qu’il soit remercié pour nous avoir transmis sa passion de découvrir et de comprendre. Nous ne l’oublierons pas.

Tes amis de l’IRAA du CNRS-AMU, reconnaissants et fiers de suivre ton chemin.

Cet Hommage devait être présenté par François Quantin, Directeur de l'IRAA, mais empêché par la Covid, il a été prononcé par J.-L. Paillet .


        Yves MARCADAL est le président fondateur du Groupe Archéologique de MOURIES. Il a créé cette association en référence à l’oppidum des caisses de Jean Jean auquel il a consacré une grande partie de sa vie. Site qu’il a fouillé, étudié, investigué pendant plus de quarante ans, accompagné de son épouse, Nadine et de son fidèle complice, Jean Louis PAILLET. Ils ont à leur actif de nombreuses publications scientifiques, avec notamment leur dernier opus, œuvre majeure proposant d’expliquer, entre autres, les défenses monumentales du site.

        Puis, il a été meurtri par l’intransigeance d’une administration sectaire et bornée qui s’est obstinée à lui refuser les autorisations de fouilles qu’il sollicitait. Ce fut pour lui un coup d’arrêt. On mettait fin à sa carrière déjà bien remplie, à son engagement, à ses espoirs de nouvelles découvertes. Il avait encore tant à faire ! Progressivement, ses motivations, son enthousiasme se sont étiolés. Malgré tout, il y a deux ans, il a eu la sagesse de penser à sa succession scientifique en proposant à Delphine et Loup de reprendre le flambeau. Ils auront à cœur, j’en suis persuadé, de perpétuer avec ardeur le travail de Monsieur MARCADAL. Le site grandiose des caisses de Jean Jean, dont Yves me disait qu’y régnait un vortex particulier avec de puissantes forces telluriques, va prendre une nouvelle dimension car désormais son souvenir sera une inspiration et un encouragement à poursuivre son œuvre.

        Yves était un homme réfléchi, discret, réservé, pudique, parfois secret. J’étais fasciné par ses connaissances, sa culture, son érudition, sa passion pour la protohistoire, les étrusques, les celtes et bien sûr, sa connaissance de l’histoire des caisses. Je m’en suis nourri, perpétuellement à l’affût, lorsque j’en avais l’occasion, de ce qu’il pouvait m’apporter. Je perds mon maître, mon mentor et mon ami, car j’ai eu le privilège de sa confiance et de son amitié. Yves était un humaniste.

        Sa disparition a suscité beaucoup d’émotions attristées dans le monde de l’archéologie et nombre de ses pairs lui ont rendu un légitime hommage.

        Ami, lorsque tu te rendras aux caisses de Jean Jean, penses à lui, adresses lui un petit signe. Il te répondra car il sera là, son esprit rodant entre les falaises de calcaire, au gré du mistral.

                                                                                                                                        Patrick MAGDINIER

                                                                                                                                       Vice-Président du GAM


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